FAME PAINTINGS. Les peintures de Jeremy Kost, à la façon d’un tirage en négatif, sont issues de ses propres Polaroïds, agrandis, transposés et sérigraphiés sur de larges toiles. Des photographies de célébrités, ou plutôt de la célébrité comme fait de société et catalyseur de fiction sociale, au moment où communication de masse et communion émotionnelle des foules se rejoignent. Avec, en filigrane, l’ombre double de la société du spectacle et du panoptique.
Vertiges et inversions : le monde est un théâtre qui mime à son tour la comédie du monde; le sujet regardant devient l’objet regardé, jouant lui-même à maîtriser le regard qui le saisit et s’oublie alors dans cette course au paraître.
Les stars; quête et fascination… Des vies spéculaires qui semblent n’être que validées et complétées par leur reflet médiatique. Face à elles, des existences ne se ressaisissant dans aucune image publique ou fiction partagée mais laissant celles-ci définir les contours de leur contenu émotionnel et en déterminer les pics d’intensité. Une foule consommatrice affectée par des affects, parfois sincères, souvent, lorsque tenus en lumière, construits ou exacerbés.
Dans la série des Fame Paintings, on aperçoit et on croît reconnaitre tel ou tel personnage public; mais au fond, si on voit bien quelque chose, que s’y manifeste-t-il? Une apparition? De star sublimée ou banalisée. Ou plutôt un rêve de disparition, un désir d’absence à l’image? D’un être encerclé essayant d’échapper à l’oeil de la caméra médiatique envahissante. En général qu’offrent aujourd’hui les innombrables et répétitives images de célébrités? Ces clichés du déjà vu ne révèlent plus rien. Trop souvent, la pulsion de reconnaissance a suppléé au plaisir de la surprise. Chez Kost, la lecture immédiate de la reconnaissance est troublée par le passage au négatif, qui protége ainsi un instant l’identité de la figure et la déplace sur un terrain poétique ou mystérieux, mais accentue paradoxalement aussitôt le jeu de démasquage du « voyeur ». La dynamique de l’étonnement et de l’attirance fascinée est alors réactivée. Fascination mais aussi parfois répulsion; pour le corps qui s’exhibe, de la démonstration à la monstruosité, il peut n’y avoir qu’un pas. Jeremy Kost poursuit dans la série des Fame Paintings son exploration de la relation à la célébrité, au corps médiatique, à la vie mise en scène, avec une vision personnelle mêlant dramatisation et intimité, excès et fine sensibilité. Une démarche qui fait écho à celle d’Andy Warhol, lui aussi acteur et voyeur dans ce monde restreint du paraître et de l’avant-scène, et surtout transmutateur de valeurs.
« Quand je me sais photographié, je me transforme en image… » Roland Barthes
La Galerie Nuke présente une nouvelle série de peintures, inaugurée lors d’une récente exposition de Jeremy Kost au Musée Andy Warhol, à New York, ainsi que la vidéo « What You Need Is In The Limo », pour la première fois montrée dans une galerie.
Ottavia Palomba
UNTITLED (Hands) – 2012
Acrylic and enamel on canvas
Courtesy the artist & Mannerheim Gallery
BLACK HOLE SUN, 2012
Acrylic and enamel on canvas
Courtesy the artist & Mannerheim Gallery
Vue d’exposition
2012
Courtesy the artist & Mannerheim Gallery
Vue d’exposition
2012
Courtesy the artist & Mannerheim Gallery
JEREMY KOST
2012