Burn Baby Burn est une exposition mémorial des événements historiques ayant eu lieu à Watts, Los Angeles en Août 1965. Les tensions raciales y sont alors à leur comble et des émeutes explosent durant près de 7 jours dans ce quartier à forte concentration afro-américaine. Pour les contenir, le gouvernement et l’état de Californie font appel à la police de Los Angeles (LAPD) ainsi qu’à la garde nationale de Californie (CNG). Elles feront 34 morts.
Charles Derenne, vivant entre Paris et Los Angeles, étudie sur le terrain la sociologie et l’architecture qui conditionnent les populations habitant ces quartiers de South Central, Los Angeles. Suite à cet évènement historique, ô combien lié au quotidien
actuel que la population afro-américaine subit de la part de l’état policier américain, aucun mémorial n’a été érigé ou n’existe. Presque pour oublier.
À des fins historiques et documentaires, en hommage à chacune des 34 victimes, l’artiste crée une sculpture composée de 34 cylindres en béton qu’il a façonnés à la main, évoquant à la fois la technique militaire romaine des quinconces et le matériau utilisé pour projectile. Au milieu siège un casque officiel de 1965 de la division du « LAPD Riot Squad» ( Escadron Anti-émeutes de la Police de Los Angeles) venant perturber l’apaisement géométrique et solidaire de la sculpture.
À l’heure où la musique afro-américaine du Rythm & Blues bat son plein avec des artistes comme Sam Cooke, Lou Rawls..., le DJ Magnificent Montague, récemment établi sur la radio de Los Angeles KGFJ, avait pour habitude de crier «Burn, baby Burn!» pour marquer son engouement à passer une chanson. La «catch phrase» de cette émission populaire devient rapidement le slogan phare des émeutes. Le Disque-Jockey fut alors contacté par les responsables de la LAPD et lui intimèrent de changer son gimmick en «Learn, baby Learn!». Des cartes routières de la AAA ( Association Américaine des Automobilistes) où le quartier de Watts est brûlé, viennent ainsi illustrer l’incident ayant provoqué ces émeutes et leur incendiaire slogan.
Une dernière oeuvre, sous forme de ready made, vient ponctuer l’absurdité historique: le magazine Time d’Août 1965, mis en abîme dans un encadrement noir classique du 19ème siècle. Dans une société où le devoir de mémoire est plus présent que jamais, et 50 ans après ces événements marquants survenus peu après le Civil Right Act de 1964, qu’en est-il du deuil de ces personnes presque oubliées?