Du jeu des techniques à l’art de la citation, Alizé Meurisse nous entraine dans un univers pour le moins inattendu. Iconoclaste et sans composition. Par touches successives et mélanges perméables, nous voilà plongés dans une trajectoire personnelle qui fait appel pour se dire à l’histoire littéraire aussi bien qu’à l’histoire de l’art. Le clin d’oeil est ici permanent, du cadavre exquis au phénomène de foire. L’artiste ne s’interdit rien. L’usage du noble et du vulgaire ne procède pas par catégories figées mais tout ce qui permet l’expression, érotique, poétique ou fantastique, de soi et sa métamorphose, sa transcendance est consumée.
Alizé Meurisse fait feu de tout bois. Dessin, peinture, coulures, giclures et que sais-je encore, interfèrent sur ces toiles grand format, prêtes à engouffrer le spectateur. Du travestissement au sacrilège. La profanation est à l’oeuvre dans la série des monstres sacrés, et ailleurs. Car, quand Alizé Meurisse n’écrit pas Roman à clefs ou Pâle sang bleu, d’un coup de ciseau rageur elle annihile le paragraphe du premier au dernier mot. Et ce n’est pas terminé car elle s’absout in extremis en intégrant dans ses toiles du texte. Satanés mots qui ne lui échappent pas, pais s’utilisent autrement. Au-delà de l’utilisation directe de l’iconographie pornographique nous voyons émerger sous nos yeux écarquillés la peinture comme un acte pornographique. »